Deux pensionnaires, prises en charge au Centre de Transit Communautaire de l'ONG Cavoequiva

Parcours d’une pensionnaire prise en charge au sein du centre de transit communautaire de l’ONG Cavoequiva

Les jeunes filles accueillies au centre de transit communautaire de l’ONG Cavoequiva bénéficient d’une prise en charge globale. L’objectif ultime est que chaque enfant retrouve sa juste place au sein de sa famille.

Plongez dans le quotidien de nos pensionnaires et découvrez les activités de l’ONG Cavoequiva, à travers l’histoire de Mariam*, 14 ans, prise en charge par l’ONG en Septembre 2021, et réunifiée le 24 Mars 2022.

*Le prénom a été changé.
Deux pensionnaires, prises en charge au Centre de Transit Communautaire de l'ONG Cavoequiva
Deux pensionnaires, au Centre de Transit Communautaire de l’ONG Cavoequiva

Parcours de Mariam avant sa prise en charge

Mariam est issue d’une famille recomposée. C’est le cas de nombreuses jeunes filles en situation de vulnérabilité en Côte d’Ivoire.
A la suite de la séparation de ses parents, Mariam est confiée successivement à la charge de son père, puis à la charge de sa mère. En raison de ses difficultés scolaires, et faute de moyens financiers, elle est déscolarisée. Elle aide plutôt aux travaux ménagers de la maison. Sa mère confie ensuite Mariam à une de ses connaissances, pour faire du commerce de produits d’hygiène au village maternel. Suite à la perte de son magasin, cette connaissance confie Mariam à sa soeur, résidant à Abidjan. Là-bas, Mariam aide au commerce de galettes, et aux tâches ménagères du foyer. Elle est régulièrement victime de maltraitance. Pour échapper à cette situation, Mariam fugue du domicile de son exploitante. Elle est finalement recueillie dans la rue et conduite au poste de Police.

Quelques jours plus tard, Mariam est emmenée à l’ONG Cavoequiva par la Sous-Direction de la Police criminelle en charge de la lutte contre la traite des Enfants et de la délinquance juvénile. C’est une autorité qui réfère régulièrement des jeunes filles vulnérables à l’ONG, et qui lutte activement contre la traite.

Prise en charge de Mariam au Centre de Transit Communautaire

A son arrivée au Centre de Transit Communautaire, l’équipe de protection procède à l’écoute de Mariam. Cela permet de comprendre son parcours et de réunir des informations sur sa famille. En effet, la priorité de l’ONG Cavoequiva est d’œuvrer à ce que chaque jeune fille réintègre sa cellule familiale. Au cours de cette écoute, Mariam transmet les informations nécessaires pour entamer la recherche familiale : le nom de ses parents, de son village, de son exploitante. C’est le centre social de la localité concernée, contacté par l’ONG, qui procède aux recherches sur place.
En prallèle, Mariam peut bénéficier d’une prise en charge totale à l’ONG Cavoequiva; hébergement, alimentation, suivi médical et psychologique, accès à l’alphabétisation.


Ecoute d’une jeune pensionnaire, à son arrivée au Centre de Transit Communautaire

Recherche de la famille et médiation

Grâce au travail du complexe social de la localité, la mère de Mariam est finalement retrouvée. Elle est alors invitée, ainsi que les exploitantes de son enfant, à se présenter à l’ONG Cavoequiva en vue d’une médiation. La médiation est une étape essentielle du processus de réunification familiale. Elle permet de préparer le retour de l’enfant dans sa famille et d’acter son projet de vie: scolarisation, formation professionnelle, cours du soir. Celui-ci se prépare toujours en cohérence avec l’envie, l’âge et la situation de l’enfant, et toujours dans l’objectif de promouvoir son intérêt supérieur. Aussi, en cas de traite, la médiation permet de trouver la meilleure réparation possible pour l’enfant victime, au service de la réalisation de son projet de vie.
La médiation est aussi une opportunité pour sensibiliser les familles au phénomène de confiage et de traite des enfants. La mère de Mariam, comme beaucoup de parents, ignore que confier son enfant peut conduire à l’exploitation, à la déscolarisation, à la maltraitante…

En général, la médiation aboutit après quelques semaines. A sa suite, l’ONG peut enfin organiser la réunification dans la localité de la famille.

La réunification et le retour à la maison

Pour Mariam, la réunification s’organise à la sous-préfecture de Soubré, proche du village maternel. L’ONG réunit le sous-préfet, la direction régionale du Ministère de la femme, de la famille et de l’enfant, et la direction du centre social local. Tous seront ainsi témoins de l’engagement de la mère de Mariam pour la mise en œuvre du projet de vie de son enfant.

A l’issue de l’activité, l’équipe a reconduit Mariam jusqu’à son village. Elle a ainsi retrouvé sa famille, ses amis, et sa maison. Les visites des villages sont aussi l’occasion pour l’ONG de sensibiliser les habitants sur les droits des enfants et les abus dont ils peuvent être victimes.

 

Photo de Mariam, prise en charge par l'ONG Cavoequiva, et réunifiée avec sa maman
Mariam, enfin réunifiée avec sa mère en présence des autorités, à la sous-préfecture de Soubré

Et après? 

Suite à la réunification, c’est le complexe socio-éducatif de la localité qui prend le relai pour assurer le suivi de Mariam et de sa mère. Elles bénéficient ainsi d’un accompagnement personnalisé pour s’assurer de la réalisation du projet de vie de la jeune fille.

Mariam a décidé de suivre une formation professionnelle de couture et de prendre des cours du soir pour renforcer son niveau scolaire.

 

 

Un grand merci à l’Union Européenne qui soutient la prise en charge de jeunes filles victimes de traite par l’ONG Cavoequiva, à travers notre projet « Prévention, prise en charge et réinsertion socioprofessionnelle des victimes de la traite des personnes en Côte d’Ivoire ». Merci également à Expertise France pour son appui technique sur ce projet.

N.B.: Le phénomène de confiage des enfants est fréquent en Côte d’Ivoire. C’est en fait une pratique traditionnelle et courante en Afrique de l’Ouest.
Si un de ses objectifs premiers est la scolarisation des enfants, il y a néanmoins de nombreuses dérives telle que l’exploitation pour le ménage, le commerce,… et/ou l’absence de scolarisation. Cependant ces dérives sont malheureusement peu connues des populations d’où le fort enjeu de sensibilisation.